De l'Atlantique aux Grands Lacs, pour préserver la beauté du fleuve
L’Organisation Bleue est un organisme à but non lucratif, basé au Québec et fondé en 2018 par deux jeunes entrepreneurs. L’organisme fait de la sensibilisation environnementale et de la vulgarisation scientifique, par le biais du média créatif. En partenariat avec TAIGA, l’Organisation Bleue a pu bonifier sa tournée de nettoyage de berges de tout l’Est canadien l’été dernier, en facilitant un accès privilégié sur l’eau. De Terre-Neuve jusqu’aux Grands Lacs, à traverser 6 provinces en VR, le travail de sensibilisation du duo n’était pas une mince tâche, surtout en période estivale, avec l’achalandage important du tourisme.
Découvrez leur récit d’aventures à la découverte du milieu côtier de chez nous.
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Renouer avec mon pays et ma province
Le Québec, je disais le connaître parce que j’avais déjà été dans quelques régions comme le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie. J’ai vu Percé, Tadoussac, j’ai été à Rimouski, au parc du Bic. Mais depuis maintenant 2 ans, je me suis mise à découvrir le Québec, pour vrai. C’est le travail qui m’a amené sur la route, à sillonner les 4 coins de la belle province, accompagnée de mon acolyte, mon copain et partenaire d’affaires: Jean-Seb!
Aussitôt qu’en 2012, lors d’une expédition scientifique à voile sur laquelle je prenais part (je suis biologiste marine et plongeuse professionnelle), j’ai pu constater une mer de plastique étendue des Bermudes jusqu’au Costa Rica. Il y avait des microparticules, comme des petits confettis répartis dans les 3 premiers mètres de profondeur, mais aussi de plus gros débris, des objets intacts que je reconnaissais de mon quotidien ; des bouteilles d’eau ou de shampooing flottant à la surface de l’océan Atlantique. Je le constatais constamment, et pas seulement en mer : sur les côtes, sur les plages, dans les rivières. Comme si l’océan se chargeait de recracher le plastique en trop sur les berges. J’ai découvert que ce type de pollution était en hausse, à un rythme alarmant, dans toutes les mers du monde, témoignant des effets dévastateurs sur la faune, les écosystèmes, le changement climatique et même la santé humaine.
« D’ici 2030, la production mondiale de déchets plastiques pourrait augmenter de 41 % et, la quantité accumulée dans l’océan pourrait DOUBLER »
- De Terre-Neuve aux Grands Lacs
- 6 provinces canadiennes
- 12 000 km en VR
- 500 000 m2 de berges nettoyées
- 26 clean ups
- 1 000 bénévoles
Le Fleuve Saint-Laurent
Le Québec est traversé de l’un des plus importants fleuves de l’Amérique, le Saint-Laurent, qui relie les Grands Lacs à l'océan Atlantique. Il est le seul émissaire du bassin des Grands Lacs. Il représente en quelque sorte la veine du Québec, son aorte, se déversant vers l’Atlantique. Il contient une biodiversité riche, mais très fragilisée ; pensez au rorqual bleu ou aux bélugas, les deux espèces étant en voie de disparition. Il soutient aussi plusieurs secteurs d’activités économiques importants pour la province, tant touristique, que maritime. Sauf qu'il est malade, à cause de l’activité humaine et de la pollution. Et comme le Saint-Laurent est le coeur de notre belle province, c'est important de le maintenir en bonne santé.
Saviez-vous que 80% du plastique présent dans les océans provient des rivières et des fleuves se situant à l’intérieur des continents ? Ce sont ces affluents situés au coeur des terres qui récoltent les plastiques et la pollution acheminant les matières nuisibles avec les courants vers les océans, qui les accumulent et les engloutissent. Notre responsabilité est loin d’être maigre en Amérique du Nord, malgré ce que certains peuvent penser, et malgré la distance des côtes et de la mer.
Le principe ici n’est pas de se taper sur les doigts, loin de là l’intention. Mais il faut clairement commencer par comprendre l’ampleur du problème dans notre propre pays, pour ensuite mettre en perspectives des initiatives à prendre pour résoudre la problématique. Notre solution à Jean-Sébastien et moi passe d’abord par la sensibilisation et l’action. Mais ce ne sont que deux facettes de tellement de gestes pouvant être posés ! C’est pourquoi nous faisons beaucoup de collaborations pour pousser le message plus loin et surtout, positivement.
Au Canada, 9 % des plastiques sont recyclés, 4 % sont incinérés et 86 % se retrouvent à l’enfouissement (2019).Le Canada produit par habitant une quantité « démesurée » de déchets.
L’union fait la force.
Les sports aquatiques, c’est la niche parfaite ! Les communautés sportives utilisent et reconnaissent l’importance des cours d’eau. Cet amour inconditionnel les pousse à s’impliquer sans comparables dans les activités de nettoyage. Que ce soit l’apnée sportive, la plongée sous-marine, le paddle board, le kayak, le canot, aucune communauté n’y échappe.
L’été dernier nous avons décidé d’utiliser nos planches à pagaie TAIGA pour faire des nettoyages sur l’eau, en rivière, dans des lacs ou même sur le fleuve. Nos planches nous permettent de ramener des déchets trouvés dans l’environnement, à l’aide simplement d’un sceau ou d’un filet de plongée attaché à l’avant. À chaque fois que nous sommes partis à l’aventure, nous sommes revenus avec du plastique trouvé flottant à la surface, ou incrustés sur les berges peu accessibles sans embarcations flottantes. Et de découvrir le milieu aquatique et marin du Québec, ça permet de s’impliquer concrètement sur la préservation de ceux-ci, tout en joignant l’utile à l’agréable!
Appel aux amoureux de l’eau
Individuellement ou en petits groupes, vous pouvez aussi vous connecter au mouvement #SaintLaurentsansplastique. Prévoyez un sceau, ou un sac pour collecter les déchets, que vous pourrez ramasser au passage lors de vos prochaines balades sur l’eau ou sur les berges.
Chaque déchet compte, pour vrai!
Retourner aux sources, et constater l’ampleur du travail à faire chez nous.
Je suis si fière d’être québécoise, mais il faut admettre qu’il y a du travail et de la recherche à faire avant d’atteindre l’équilibre sain entre notre fleuve, sa biodiversité et les humains qui y cohabitent.
Parce qu’on protège ce qu’on aime.
Photos : Anne-Marie Asselin (co-fondatrice de l'OB), Jean-Sébastien Létourneau et Richard Mardens