Naviguer pour échapper l'hiver :
Histoires de bateaux et d'aventures turquoises en SUP
Histoires de bateaux et d'aventures turquoises en SUP
Quand arrive l’hiver, la routine est la même : on range notre paddle board, on s’emmitoufle à l’intérieur et on rêve de voyage. Pour Jess et P-O, les choses sont différentes : c’est l’heure du boulot. Entre les travaux à effectuer sur leur bateau en Polynésie Française, les charters dans les eaux turquoises des Bahamas, et les convoyages de bateau un peu partout dans le monde, ils passent les mois d’octobre à avril à suivre le courant, littéralement.
Entretien avec Jessica Laliberté (@jess.la.liberte) et Pierre-Olivier Hivon (@fuirmontreal), nos deux ambassadeurs TAIGA, entre deux coups de peinture sur les caissons de leur voilier de 39 pieds.
Présentement, on travaille à refaire l’intérieur de notre bateau, à la suite de l’incendie qui est survenue en mer l’année dernière. On s’est posés dans une petite marina à Taravao, en Polynésie, et on consacre notre temps à rendre le bateau habitable et navigable à nouveau. Dans la prochaine année, les allers-retours ici seront fréquents. On y passe normalement 2-3 semaines à travailler jour et nuit sur le bateau, et on repart en charters.
Dans le fond, un charter c’est une croisière sur un bateau privé. C’est notre chance à nous de partager notre passion pour la navigation et de faire découvrir notre terrain de jeu. P-O connait les Bahamas comme personne d’autre : il a passé une bonne partie de sa vie à naviguer ici. Il connait tous les secret spot et ses idées d’escale ou d’activités sont infinies. Le quotidien est simple : on fait du yoga sur une plage déserte au petit matin, on sort les SUP pour aller se balader autour de notre ancrage, on marche à marée basse sur des lames de sable blanc, on fait de la plongée en apnée avec poissons, tortues et requins, et à chaque soir, le soleil nous offre un spectacle avant de se coucher sur l’océan.
Je me souviendrai toujours de mon premier transatlantique. 23 jours en mer. Pour la première fois, je réalisais l’ampleur de l’océan : du bleu à perte de vue. Je me rappelle de m’être sentie tellement petite, tellement vulnérable. La vie sur le bateau c’est tranquille, ou pas. Notre quotidien et nos activités sont dictés par la mer. C’est elle qui choisit. Quand c’est houleux, on fait de la lecture, on écoute des balados, on joue à Monopoly Deal. Quand c’est plus calme, on essaie de se garder en forme avec des séances de yoga ou des exercices d’élastiques : c’est le seul accessoire fitness qui fait dans mes bagages de nomade.
« Aussi cliché que ça puisse paraitre, on s’tanne pas. Jamais. On continue d’être émerveillés à journée longue de la beauté de l’océan. » - Jess
J’pense qu’on trip sur les contrastes ; c’est ce qui rend la vie plus intéressante et ce qui lui donne de la texture, plus de saveurs. La vie de bateau c’est ça, c’est rempli de contrastes. C’est doux, mais c’est intense en même temps. Ça fait peur, mais il y a quelque chose de réconfortant. C’est vivant, ça bouge, ça change. Ça teste tes limites, ça t’ouvre les yeux, ça te rend meilleur à chaque jour. Voyager par bateau, ça te permet de vivre la magie de l’instant à chaque endroit où tu passes.
À Tetiaroa, en Polynésie, un atoll à 30 miles nautique au nord de Tahiti. À cet endroit, la barrière corallienne s’est brisée en immenses blocs et la puissance du courant à la sortie de la passe crée des tourbillons de toutes les nuances de bleu. C’est aussi beau pour les yeux qu’exaltant au niveau technique de pagaie dans de l’eau aussi vivante. À l’embouchure de la passe, c’est un vrai buffet pour les requins et les plus gros poissons.
« Un soir, j’ai pagayé avec une vingtaine de Blacktip et un requin gris de 12 pieds. Ils faisaient leurs affaires et me laissaient faire les miennes. » - Jess
Si tout va bien, les travaux sur le voilier seront complétés à l’automne prochain. On risque de retourner explorer la beauté des archipels du Pacifique avant de réfléchir, peut-être, à un plan pour ramener le bateau à la maison au Québec. Mais entre toi et moi, toutes les options sont sur la table, même celle de faire le tour du monde, tant qu’à déjà être ici, à l’autre bout du monde. On serait bien fous de pas l’faire.