par Guillaume Larouche

Le dépassement de soi en paddle board : comment?

Pourquoi, l’être humain a le désir d’escalader des montagnes, courir des ultras-course, participer à des courses à obstacles, de battre constamment de nouveaux records ou encore s’inscrire sur Strava? Le besoin de se comparer aux autres a toujours existé, oui, mais les réseaux sociaux ont également contribué à une augmentation de cette recherche de validation personnelle. Le sport du paddle board a évolué dans les dernières années. Des adeptes parcourent maintenant de longues distances avec des paddle boards de races ou de touring, d’autres nous en mettent plein la vue sur Instagram avec leur méga position de yoga à deux, les plus intenses en paddle surf sur d'immenses vagues et des pêcheurs avec des poissons-monstres. La recherche du bien-être personnel est une des raisons qui poussent les accros d’adrénaline ou d’endorphine au dépassement de soi.

Ce blogue, rédigé par notre ambassadeur Guillaume Larouche, a pour objectif de conseiller les personnes qui n’ont pas nécessairement le désir de battre des records sur la place publique, mais tout simplement la fierté d’avoir accompli un objectif personnel.

Se fixer un objectif 

L’activité physique n’a jamais eu autant d’importance pour prendre soin de notre santé mentale. Les mois de janvier et de février sont propices à se fixer des objectifs en vue de la magnifique saison estivale. Ce temps de planification te motivera et surtout te préparera à atteindre les buts sur ta « bucket list ». Pourquoi faut-il planifier? C'est le meilleur moyen pour l'atteinte de ton objectif. Par exemple, pour arriver en haut d’une montagne, il n’est jamais conseillé de regarder le sommet. Regarde plutôt ce que t’as accompli depuis ton départ. Des objectifs réalistes sont la clé du succès. Parcourir des distances de 5, 10, 15, 20, 25 kilomètres ou plus en paddle board en une journée te permettra de vivre différentes émotions. Voici comment tu peux réussir à avoir la satisfaction du défi relevé.

Bien se préparer 

L’entrainement durant la période hivernale et printanière, le choix du paddle board, choix de la pagaie, les vêtements, la nourriture, la quantité d’eau, le matériel de sécurité, le trajet sur GPS, les différents points de sortie de l’eau et la connaissance de ta destination sont les éléments à planifier avant ton départ. Être bien accompagné t’aidera également à garder le moral dans les moments plus difficiles de la journée. Ces connaissances et ces équipements te permettront de faire face aux imprévus.

Afin de mieux comprendre l’importance d’une bonne préparation, je te partage mon trip en Gaspésie.

Un trip en Gaspésie 

Il n’y a pas d’âge pour se fixer des objectifs personnels. Il y a seulement la peur d’échouer en croyant que nous ne sommes pas assez en forme physique, que nous sommes trop vieux / vieilles ou encore que nous ayons trop de petits bobos pour réaliser notre défi. En réalité, plus de 50% des efforts sont mentaux. Rien n’est facile, tout se gagne avec les efforts et la persévérance, mais le jeu en vaut la chandelle.

Ma conjointe Cindy et moi pratiquons le paddle board depuis maintenant 10 ans. Nos objectifs ont souvent été différents. Depuis plus de trois ans, une symbiose règne lors de nos sorties : partir des journées complètes afin de découvrir nos magnifiques plans d’eau du Québec. Rapidement, nous avons pagayé des distances de 5 km à plus de 25 km.

À l’hiver 2021, nous avons planifié de faire un trajet de plus de 25 km sur le fleuve Saint-Laurent dans la zone de Cap-Chat lors de notre visite chez des amis. Notre expérience est plus au niveau des lacs et des rivières. De nouveaux facteurs de risques s’ajoutaient à la liste de préparation. Les courants, les marées, les roches ultra-coupantes, la grosseur des vagues et les changements de température en lien avec les montagnes devront être pris en considération.  

La température et le vent jouent un rôle important pour la sélection de ta date de sortie. Sur une semaine de vacances, les conditions ont été propices seulement deux journées.

À l’aube du 9 août à 6h30, nous sommes sur notre départ. Un début de journée exceptionnelle avec 15°C, pas de vent, une vraie mer d’huile. La marée est basse, le courant était dans la bonne direction. Vers 11h00, le vent annoncé nous soufflera pour nous pousser vers notre objectif. Pour ce trajet planifié, nous avons apporté des vêtements chauds dans un « drybag », plusieurs collations avec glucides, d’autres en teneur élevé en protéine, chacun 3 litres d’eau, notre cellulaire avec étui étanche, notre application pour nous suivre sur GPS, caméra, drone, VFI gonflable, lampe frontale, un pack de batterie pour cellulaire, l’ensemble de sécurité avec sifflet et l’équipement de pêche. 

Je te conseille fortement de toujours attacher la leash à ta cheville lors de tes expéditions. Plusieurs incidents seront évités. La température de l’eau reste froide dans le bas du fleuve et l’hypothermie est un risque à ne pas oublier, même en été.

Fixer des objectifs à court terme 

Les récompenses sont toujours un atout pour réussir de longues distances. Notre premier « nanane » est un arrêt sur un spot de pêche que nous avons découvert la veille. À notre grande surprise, 3 km plus tard, nous observons une grande activité de surface avec la présence de nombreux oiseaux plongeurs. Le brouillement sur l’eau indique également la présence de nombreux poissons en chasse. Le rêve. Un banc de bar rayé nous attend et personne à l’horizon.  Cindy et moi nous empressons de lancer et en moins de 10 secondes, nous avions un doubler. Deux bars rayés de plus de 5 livres au bout de notre ligne. Ce manège a duré plus d’une heure avec plus de « 22 fish on ».

Prendre de bonnes décisions

La prise de décision est un aspect déterminant pour atteindre ton objectif. Garde toujours en tête la raison de ton défi ou de ton aventure, par exemple : « compléter plus de 25 km en appréciant la beauté de la nature » ou encore « faire le plus gros training de ta vie ».  

Habituellement, mes applications pour la force et la direction du vent sont très précises. Cependant, dame nature a décidé autrement pour cette journée. Un petit vent de face commença à souffler. Au départ, nous avons pris la situation en riant. Une heure plus tard, rire n’était plus une option. Un vent à plus de 20 km/h dans la mauvaise direction et nous avions fait seulement 2 km de plus en 1 heure. Parfois, il faut respecter nos limites et s’adapter à la situation.

Changement de plan et d’itinéraire 

Faire le bon choix du paddle board et de la pagaie est primordialement pour ce type d’expédition. La Kazuzu Air et la Hooké Air sont deux modèles qui répondent à nos besoins. Par sa longueur et sa largeur, la Kazuzu a l’avantage d’offrir plus de rapidité et moins de friction dans le vent. La Hooké, tant qu'à elle, est plus stable et permet d’apporter plus d’équipements de pêche. La pagaie Diamond Carbon fixe 1 pièce est également un bon investissement pour ce type d'expédition.

Avec 19 km à faire, nous avons décidé de revoir notre plan. Après avoir analysé les cartes sur l’application avec les possibilités de sortie de l’eau, nous avons décidé de se diriger dans le sens opposé de notre destination. « Prévoies toujours ton retour à ta voiture ». Afin d’avoir le plus de liberté dans notre itinéraire, nous avons opté pour appeler nos amis qui assurent notre transport de retour. Une solution simple et efficace.

Deux belles surprises

Pour garder le moral, il est important de se sentir toujours bien et en confiance. Le manque d’énergie, la température de ton corps, les muscles endoloris et les imprévus influenceront tes pensées. Boire de l’eau, prendre des collations de glucides et se tenir au chaud (ou au frais) t’aideront à « garder le cap ». Observer la beauté de la nature te fera également oublier les douleurs musculaires.

Après avoir passé notre point de départ, nous avons compris pourquoi notre trajet avait changé. Un local a décidé de nous accompagner sur plus de 2 km. De nature très curieux, les phoques plongent et refont surface autour de ton paddle board pour marquer leur présence. Que de magnifiques moments magiques de croiser son regard avec ce mannifère marin. Le vent et la marée continuaient de nous flatter le dos vers notre nouvelle destination. Un banc de dauphin a ensuite pris le flambeau en nous offrant un autre spectacle. Au départ, les trainées sur l’eau étaient plutôt inquiétantes, mais nous avons rapidement réalisé que ce n’était pas des ailerons de requin.

Les compétences : un atout 

La sécurité doit toujours rester une priorité dans ce type de défi ou d'aventure. Les conditions météorologiques se sont détériorées en fin de journée. Le vent frisquet du Nord-Est, la grisaille et les vagues devenant plus grosses ont changé l’image de la mer d’huile ensoleillée du matin. Heureusement, nous avions un coupe-vent de kitesurf, le chandail et les bottillons en néoprène pour nous parer du froid. Nos années d’expérience en lac et en rivière ont également fait la différence pour notre retour au bercail. Personne à l’horizon, une simple chute à l’eau et la fin de l’histoire n’auraient pas connu le même dénouement.

Notre sport est encore nouveau, trop de malheureux événements nous rappellent de ne jamais s’improviser en aventurier. Commence par prendre un cours d'initiation au paddle board et sois toujours renseigné et accompagné par des personnes qui pourront t’inspirer à prendre de bonnes décisions.

La fierté et l’accomplissement 

Après plus de 8h sur l’eau, nous avons accosté aux Méchins au grand plaisir de Cindy. Plusieurs raisons la faisaient douter de sa capacité à surmonter ce défi. La satisfaction se lisait sur son visage. Un accomplissement personnel pour lui rappeler qu’il n’est jamais trop tard pour vivre des beaux moments inoubliables.